La Souris changée en Chauve-Souris Jean-Jacques Boisard (1744 - 1833)

La Souris se plaignait aux Dieux de son état :
En est-il un plus misérable :
Toujours trembler devant le Chat ;
Contre sa grifse impitoyable
N'avoir d'autre refuge hélas ! que ces vieux murs ?
Languirai-je toujours dans ces réduits obscurs
Oh ! fi, comme l'oiseau, j'avais reçu des ailes,
Je serais au-dessus de ces transes mortelles ! …
À peine prononcés,
Ses vœux sont exaucés ;
D'ailes, dans le moment, Jupiter l'a pourvue ;
La voilà dans les airs à son gré suspendue :
Rampez, Messieurs les Chats ; je ne crains plus vos dents,
Cent Chats ailés soudain se mettent à sa fuite.
Quoi des Chats dans les airs et partout des tyrans !.
Pour échapper à leur poursuite,
Le pauvre Oiseau-Souris se blottit dans un trou ;
Elle craignait le Chat ; elle craint le Hibou.

Livre III, fable 27




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