LE CHAT
Approche ton minois charmant ;
Viens ! mon ange, que je te baise ;
Oh ! que je t'aime tendrement !
Que puis-je t'offrir qui te plaise ?
LA VIEILLE SOURIS
Fuis, mon enfant, fuis ce trompeur ;
Échappe aux pièges qu'il sait tendre.
LA JEUNE SOURIS
Maman, il ne me fait pas peur :
Son œil est doux, sa voix est tendre.
LE CHAT
Viens goûter ce sucre et ces noix,
Gages de mon amour extrême.
LA VIEILLE SOURIS
Fuis, te dis-je encore une fois.
LA JEUNE SOURIS
Et pourquoi donc le fuir ? Il m'aime.
LE CHAT
Viens ; rien ne doit l'intimider ;
D'un tendre ami que peux-tu craindre ?
LA VIEILLE SOURIS
L'hypocrite ! comme il sait feindre !
LA JEUNE SOURIS
Hélas ! à quoi me décider ?
LA VIEILLE SOURIS
Que dis tu ? tremble, malheureuse,
Si vers lui tu fais un seul pas.
LE CHAT
Laisse dire cette grondeuse,
Mon amour, et viens dans mes bras.
LA JEUNE SOURIS
M'y voilà !… dieux !…. je suis perdue !
O le monstre !…. O la trahison …..
Ah ! je sens la grifse !…. il me tue…..
Ah ! maman !… vous aviez raison !….
Les conseils ne profitent guère
Lorsqu'ils combattent le penchant :
Jeune fille écoute un amant
Malgré les leçons de sa mère.
D'abord, craignant de trop risquer,
Elle s'arrête…. elle balance….
Puis s'enhardit… et puis s'avance…
L'amant finit par la croquer.