Le Rossignol et ses petits Jean-Jacques Boisard (1744 - 1833)

La tendre Philomèle oubliant ses malheurs,
Dans un bocage solitaire
D'un amour légitime éprouvant les douceurs,
Se livrait sans remords au plaisir d'être mère.
Tandis qu'elle en remplit les devoirs les plus doux,
Près du nid, son fidèle époux
De leur-commun bonheur entretenait la terre.
Les Oiseaux en silence admiraient ses accents,
Quand le tyran de la nature,
L'Homme affligea l'auteur de ces airs ravissants.
Son œil pénètre la verdure,
Où le pauvre Amphion coule sa vie obscure
Dans une douce oisiveté,
Dans le sein de la paix et de la liberté,
Et bien loin de prévoir sa cruelle aventure.
Mais l'Homme a vu le nid ; vite il y grimpe ; en vain
Les petits et la mère implorent l'inhumain :
De leur père, dit-il, je connais le ramage ;
Rossignolets mignons, vous chanterez en cage.
Le Rossignol depuis ce temps,
Dès qu'il eut des petits, interrompit ses chants.

Livre III, fable 16




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