Un peuple entier de solitaires,
Sous de spacieux souterrains
Qu'ils se creusèrent de leurs mains,
À su se dérober aux communes misères.
Ils vont creusant, creusant leurs habitations ;
Toujours l'oreille au guet, intrigués sans affaire,
Ils font de leur conduite un ténébreux mystère.
Ces ermites obscurs vivent d'extorsions.
Grugeant, ronflant sans trouble ils font tout ronds de graisse.
Aux appétits grossiers d'une femelle épaisse
Livrant leur embonpoint, ces cafards succulents
Coulent ainsi leurs jours au sein de la molesse.
Pour former leur semblable ils ont de grands talents
Qu'ils exercent sans cesse, à ce que dit l'histoire :
Bufson est mon garant, ainsi l'on peut m'en croire.
D'une énigme si claire on devine le mot :
Les Taupes ; c'est le nom de ce peuple sallot.

Livre II, fable 25




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