Le Soufflet, la Pincette et le Briquet Jean-Jacques Porchat (1800 - 1864)

A la pincette un jour le soufflet, palpitant,
Dit : Admirez ce feu! Comme il est éclatant !
Voyez-vous dans les airs pétiller ces bluettes,
Et ces tisons flamber comme des allumettes ?
Vraiment de mon travail je puis être content.
Ouf! respirons un peu; je suis tout haletant.
C’est là sans doute un feu de joie,
Reprit l’autre; et soudain faisant claquer ses doigts:
Voyez comme avec art j’ai disposé ce bois,
Et comme aux courants d’air j’ai ménagé la voie!
Çà, près de ces tisons, par mes soins embrasés,
Restons un peu les bras croisés,
Et, pour délassement, admirons mon ouvrage.
Près de là le briquet
Écoutait leur caquet;
Et, les trouvant bien sots, et s’estimant bien sage,
Camarades, dit-il, vantez-vous un peu moins.
Pour allumer cette flamme si belle,
Sans moi que pouvaient tous vos soins?.
C’est de moi que jaillit la première étincelle.
Chacun se fait valoir; mais que d’acteurs en jeu,
Pourquoi? pour allumer du feu !
Après le briquet l’allumette,
L’amadou, puis la main, enfin les éléments.
On se croit seul auteur de grands événements:
On ne fait pas sans aide une bluette.

Livre I, fable 4




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