Une oie, un certain jour d'été,
Du milieu d'un étang, sans un long protocole
Exaltait son courage et sa fidélité,
Disant, nul plus que moi n'a de célébrité ?
Mes parents ont jadis sauvé le Capitole !
- Une louve allaita le plus grand des mortels,
Celui qui des Romains fonda le noble empire,
Lui répondit le loup : qu'après on ose dire
Que les loups sont méchants, voraces et cruels !...
Oui, pour les animaux, l'homme est plein d'injustice,
Reprirent-ils tous deux ; avec plus d'équité
Et seulement d'impartialité,
Il verrait que les loups sont bons et sans malice ;...
Il verrait combien l'oie a d'intrépidité ;…….
De leurs vertus à peine ils achevaient l'éloge,
Qu'un milan affamé sortit du fond du bois ;
Sur-le-champ de frayeur l'oie accourt dans sa loge,
Oubliant et sa race, et Rome et les Gaulois.
D'une autre part : égaré dès l'aurore,
Un jeune agneau bêlait sur le coteau voisin,
Le loup le voit, s'en approche, et soudain,
Malgré ses cris plaintifs, le cruel le dévore.

De ces fanfarons de vertus,
Redoutez sagement les nombreux artifices ;
L'habit d'hommes de bien dont ils sont revêtus
N'estqu'un adroit moyen pour mieuxcacherleurs vices.

Livre II, fable 19




Commentaires