Dans cette aimable et riante saison,
Où le soleil fait croître et verdir le feuillage ;
Un jeune et folâtre enfançon
Du rossignol entendit le ramage.
Enchanté de ces sons si tendres, si touchants,
Il porta ses regards jusqu'au fond du Bocage,
Afin d'apercevoir, au travers de l'ombrage,
Ce chantre harmonieux des fleurs et du printemps.
Mais sur la même branche, où chantait Philomèle
S'était aussi placé le gai chardonneret,
Qui folâtrant, battant de l'aile,
Par ses vives couleurs, les yeux éblouissait.
L'enfant séduit par l'apparence,
Se dit sans beaucoup discuter,
C'est l'oiseau qui vient de chanter ;
L'autre, sans nul éclat, n'a pas tant de science.
Mais dans l'instant, que de ce bel oiseau
Il fait un si pompeux éloge,
Le gai chardonneret déloge,
Et vole sur un autre ormeau.
Les doux accents pourtant ne changent point de place ;
Et l'on entend encore l'écho,
Répéter ce chant plein de grâce,
Et qui semble toujours nouveau.
Bien détrompé par cette épreuve,
L'enfant, que rien ne peut plus décevoir,
S'écrie, ah ! je commence à voir
Que l'habit n'est pas une preuve
Et du mérite et du savoir.