Le Loup et la jeune Brebis Jean-Louis-Marie Guillemeau (1766 - 1852)

Des brebis, dans un parc, paissaient l'herbe nouvelle
Et le berger, tranquille à l'ombre d'un ormeau,
Répétait sur son chalumeau,
La chanson qui plaît tant à la jeune Isabelle ;
Lorsqu'un loup alléché par l'ardeur du butin´,
S'approcha doucement et leur tint ce langage :
« Désormais, devenu plus sage,
J'abjure, leur dit-il, tout amour du larcin.
Je ne suis plus animal carnivore ;
Je n'aime que l'herbe des champs ;
Et dans mon cœur, les plus doux sentiments
Ont remplacé cette soif qui dévore,
Et qui, du sang d'autrui, nous rend un peu friands.
Ah ! venez avec moi : sous un épais feuillage,
J'ai rencontré le plus gras pâturage ;
Un site qu'à plaisir nature fabriqua ;
Et je veux, avec vous, faire un juste partage
De ce bien que le ciel, toujours bon, m'indiqua. »
Une brebiette innocente,
Trop crédule, trop confiante,
Suivit le fourbe ;.. il la croqua.

Jeune fillette
Que l'amour guette,
Craignez un semblable retour ;
Et par prudence,
Avec constance,
Fuyez l'amour.

Livre IV, fable 2




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