Le Voyageur et le Platane Jean-Louis-Marie Guillemeau (1766 - 1852)

Épuisé de fatigue et brûlé du soleil,
Un voyageur s'assit à l'ombre d'un platane,
Dont les rameaux courbés en forme de cabane,
Invitaient à goûter les douceurs du sommeil.
Mais, tandis qu'il se livre à l'oubli de ses peines,
Dans un calme réparateur ;
Tandis que le zéphir fait couler dans ses veines,
Un sang pur que pénètre une aimable fraîcheur,
Par des paroles outrageantes,
Il lui reproche avec aigreur
De ce que, tout couvert de feuilles élégantes,
Il ne donne ni fruit, ni fleur...
Ingrat ! quand je te suis utile et nécessaire,
Répond le platane irrité,
Je ne m'attendais pas, certes, pour mon salaire,
Que tu joindrais l'insulte à la déloyauté.
Après t'avoir offert un salutaire ombrage
Contre les chaleurs de l'été,
C'est à tort que j'avais compté,
Je le vois bien, sur ton suffrage.
Va porter loin de moi tant de méchanceté ;
Ton aspect m'est insupportable :
Fi ! de l'homme assez méprisable
Pour manquer aux devoirs de l'hospitalité.

Livre III, fable 20




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