L'Insurrection des Rats Joseph Barthélemy de Feraudy (1762 - 1831)

Cet esprit d'insurrection,
Dans ses résultats plus funeste
Pour un empire que la peste,
Parmi les rats, le croira-t-on ?
Répandit son fatal poison.
Pour réprimer de cette race
La folle et criminelle audace,
Contre elle on fit marcher des chats.
On s'attendait à voir les rats
Avec acharnement disputer la victoire,
Et soutenir leur révolte avec gloire.
Hélas ! il en fut autrement.
Aux matous la gent souricière
Trouva qu'il était plus prudent
De tourner soudain le derrière.
Nos pauvres rats, en vrais hiboux,
Furent se cacher dans des trous ;
Et l'on vit rentrer dans la terre,
Ces héros de tribune et ces foudres de guerre,
Qui prétendaient vaincre ou mourir,
Mais qui, jaloux de conserver leur vie,
A l'approche des chats s'étaient mis à courir.
Ainsi finit la comédie.
Ils l'ont donnée à leur dépens ;
Car fort humblement de leur bourse
A l'ennemi nos imprudents
Ont payé les frais de la course.

De l'insurrection prévenons le danger ;
Ne nous exposons point à si tristes affaires,
Car d'autres que les rats, en voulant s'insurger,
S'en sont tirés comme eux avec les étrivières.

Livre II, fable 72


Ainsi finit la comédie : Ventosa lingua , pedes fugaces
(PHAED., lib. v, fab. 2.)


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