La guerre des Rats Louis de Valmalète (19 siècle)

Après de longs et funestes débats ·
La Guerre était parmi les Rats.
Agitant ses flambeaux la discorde fatale
Allumait dans leur sein la fureur des combats.
Ratopolis, leur capitale,
Voyait flotter deux étendards,
L'un blanc et l'autre noir : car, après mainte chance,
Ils n'étaient plus divisés qu'en deux parts.
Les blancs, selon toute apparence,
Devaient vaincre : ils avaient le nombre et la valeur ;
Mais, je ne sais par quel malheur,
Par quelle tactique nouvelle,
Les chefs ôtent des rangs tous ceux de qui le zèle
Pour la cause montrait la plus brûlante ardeur.
La modération fait seule le bonheur,
S'écriaient-ils. Suivant une marche contraire,
L'autre parti prenait tous les moyens
D'échauffer le zèle des siens :
Plus on était ardent, plus on savait lui plaire ;
Enfin, contre son adversaire,
Onle voyait partout recruter des soldats.
Il s'ensuivit qu'au jour de la bataille,
Les blancs furent battus et d'estoc et de taille.

Ami lecteur, ceci ne te surprendra pas :
La modération sied bien à la victoire,
Et du vainqueur elle embellit la gloire ;
Mais, l'invoquer dans les combats
C'est courir après le trépas.