Qui rit du mal d'autrui sans contredit a tort,
Et mérite, à bon droit, d'avoir le même sort.
Vers le déclin du jour, un loup encore novice,
Rôdant à la sourdine aux environs d'un bois,
Tomba, par cas fortuit, au fond d'un précipice.
Abîmé par sa chute, il était aux abois.
Passe maître renard, qui vers le trou s'avance.
Salut, ami, dit-il ; te voilà bien, je pense ;
Ne te chagrine point ; je vois, dans le lointain,
Accourir à grands pas un berger très-humain ;
Il vient te soulager ; rassure-toi, compère ;
Car connaissant fort bien ton appétit glouton,
Tout exprès sur son dos il t'apporte un mouton.
Cesse de m'outrager, dit le loup en colère.
Riant de tout son cœur, le perfide renard
Renchérissait toujours sur le ton goguenard.
Comme il continuait son pitoyable rôle,
Un chasseur l'aperçoit de derrière un buisson,
L'ajuste ; et lui coupant brusquement la parole,
Vous l'envoie aussitôt ricaner chez Pluton.

Livre I, fable 2




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