Un Paon fier, étalant son plumage superbe,
Regardait d'un air dédaigneux
Des habitants des bois le chantre harmonieux
Qui venait de saisir un ver caché sous l'herbe.
« Fort avare de ses faveurs,
On voit, dit-il, que la nature
En composant ta chétive figure,
N'employa pas différentes couleurs.
Hélas, que ton plumage est triste !
J'aime à fixer mes yeux sur un objet riant,
Mais ton petit ensemble , en vérité m'attriste,
Et je te plains sincèrement.
Regarde-moi : vois cette queue immense ;
Quelle aimable variété ! ...
Je peux je crois, sans suffisance,
T'en faire admirer la beauté :
Cette couronne sur ma tête
N'a point un éclat emprunté,
Elle me donne une noble fierté,
Et m'assure chaque conquête. »
-- Vous oubliez, lui dit le Rossignol charmant,
Et vos pattes et votre chant.