Le Sein et la Gaze Le Marchant de Viéville (17?? - 18??)

À la Gaze qui la couvrait
Une gorge très éclatante
Avec humeur un jour disait :
« Tu me rends moins intéressante,
Et je veux désormais
Briller de mes propres attraits. »
La Gaze, comme on peut le croire,
Fut bientôt mise de côté ;
Et ce beau sein par l'amour agité,
Se montra dans toute sa gloire.
De ce spectacle on est d'abord charmé :
Chacun et le fixe et l'admire,
Plus d'un mortel même en soupire ;
Mais bientôt l'œil accoutumé,
Le voit avec indifférence,
Et de sa nudité
Est même révolté,
Car le moins sage aime aussi la décence,
La Gaze alors lui dit : -- Mon tissu délicat,
Voile et ne cache rien à ta blancheur extrême
Il prêtait encor plus d'éclat :
Cependant si tu veux me rendre mon état,
Tu pourras recouvrer ta puissance suprême.--
Le Sein revint de son erreur.
La Gaze lui rendit cette décence aimable
Qui sied si bien à ce sexe enchanteur,
Et son empire fut durable.

La jeunesse toujours nous plaît,
Mais sa pudeur nous en impose.
De la coquette le secret
Est de laisser désirer quelque chose.

Livre III, fable 12




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