De blancs flocons de neige, échappés du nuage,
Tombaient, tombaient toujours, sans bruit et mollement,
Au milieu d’un grand marécage :
— Vous agissez bien follement,
Leur dit avec quelque rudesse
Le pré voisin.
— Expliquez-vous, cousin,
Et montrez-nous votre finesse,
Lui fut-il répondu.
— Je ne serai pas confondu :
Vous voudriez en nappe blanche
Changer ce sol au triste aspect,
Et c’est lui qui vous change en son limon infect.
Il vous faudrait une avalanche
Pour le couvrir partout ce marais odieux ;
Puis il n’en reviendrait aucun bien que je sache,
Car on ne saurait pas qu’un grand danger se cache
Sous votre voile radieux.
Vous dont le cœur est pur comme le cœur de l’ange,
Blanc comme nos hivers et leurs flocons épais,
Ne touchez jamais à la fange
Vous vous y souilleriez sans la blanchir jamais.