Une autre fable encor sur un semblable thème.
Il s’agit, cette fois,
D’un joueur de hautbois
Et d’un serpent. C’est le même système,
Mais ce n’est ni la même fin,
Ni la même morale ;
Vous allez voir enfin.
Un serpent venimeux, déroulant sa spirale,
S’approche doucement d’un pauvre jardinier
Qui bêchait ses carrés en rêvant de musique.
Le jardinier le voit et devient héroïque,
Tout comme le poète au fabliau dernier.
Il prend son instrument et le porte à sa bouche.
En entendant tomber des cascades d’accords
Le reptile farouche
S’arrête et ferme l’œil. Le joueur dit alors :
— Rien ne m’empêche,
Dieu merci !
De reprendre ma bêche
Et de travailler sans souci.
Et de fait il reprit l’ouvrage,
Mais avec bien plus de courage
Que de prudence, assurément,
Car il fut aussitôt mordu sévèrement.
Fuyez le méchant : sa présence
Est toujours un danger.
Lorsque votre vertu le condamne au silence
Il ne sommeille pas, il songe à se venger.