Il est un art de cacher ses défauts :
Cet art heureux qu'emploie et la brune et la blonde,
La vanité reine du monde,
Aussi bien qu'aux humains l'enseigne aux animaux.
Quand un Paon fait la roue, et qu'aux yeux il étale
De son riche éventail la pompe orientale,
Il s'admire lui-même, et marche avec fierté
Ravi de sa propre beauté :
Mais s'il penche la tête, et que par aventure,
Il regarde les pieds que lui fit la nature,
L'éventail de sa queue est soudain replié ;
Et qui lorgne l'oiseau, voit à sa triste allure,
Combien il est humilié.
Pour se dissimuler ce défaut qui le blesse,
Que fit un jeune Paon ? Remarquez son adresse :
H fuit la basse cour, et du matin au soir,
Va de son beau plumage étaler la richesse
Au bord d'un clair ruisseau qui lui sert de miroir.
Là, ses pieds, de son corps seule partie ingrate,
Se perdant à ses jeux sous l'herbage discret,
Il ne voit que ce qui le flatte,
Et Se croit un oiseau parfait.

Livre III, Fable 2




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