Sur un balcon, au soleil exposé,
Dormait un Chat du sort favorisé,
Un Chat n'ayant, ici-bas, d'autre affaire
Que de manger, dormir et ne rien faire.
Un bruit l'éveille. Il voit, d'un toit voisin,
Furtivement s'introduire au jardin,
Un autre Chat, efflanqué personnage,
Aux tours d'adresse instruit dès son jeune âge.
Patte-Pelu, du haut de son balcon,
Suivant des yeux son rusé compagnon,
Le voit, tantôt se glissant terre à terre,
Donner la chasse aux souris du parterre ;
Tantôt retors, si jamais on le fut,
Dans un buisson se tenir à l'affût,
Du coin de l'oeil guetter l'instant propice,
Et s'élancer sur l'oisillon novice.
Patle-Pelu s'étonne, et, l'appelant,
Lui dit : mon cher ? j'admire ton talent ;
Il me ravit. Je brûle de connaître
Et la demeure et le nom de ton maître.
— Mon cher monsieur, le maître qui prit soin
De me former se nomme le Besoin.
Il tient, gratis, école d'industrie ;
Et mes pareils lui doivent leur génie.

Livre III, Fable 20




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