L'Arbrisseau transplanté Philippe Barbe (1723 - 1792)

Dans une plaine, où l'Aquilon régnait,
Un jeune Arbre croissait,
Entouré de buissons, de ronces et d'épines.
Mais le Soleil en été le brûlait,
Et les vents en hiver ébranlaient ses racines.
Le Laboureur transplanta l'Arbrisseau,
Près d'un bosquet, où le Chêne et l'Ormeau
Lui prêtant leur ombrage
Sur les bords fleuris d'un ruisseau,
Le garantissaient de l'orage.
A l'abri du Soleil et des vents furieux,
Il éleva bientôt ses branches vers les Cieux.
Le jeune Oronte, aimable, mais timide,
Toujours environné d'enfants
Qui n'avoient point la sagesse pour guide,
Par les traits du Vice perfide
Allait périr à la fleur de ses ans.

Oronte ne voit plus une folle jeunesse :
Des personnes d'un âge mûr
Soutiennent sa faiblesse.
Il ne craint plus le souffle impur
De la Mollesse.
Bientôt sa douceur, sa sagesse,
Ses talent et sa probité,
Le rendront précieux à la Société.

Livre II, fable 2




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