Au pied d'une montagne agréable et fertile
Certaines gens vivaient. Ces étaient des Rats. gens
Comment , pourquoi , cette troupe imbécile
Avait-elle choisi ce lieu pour domicile ?
Leur histoire ne le dit pas.
Quoi qu'il en soit, une folle pensée
Se glissa dans l'âme insensée
Du Roi de ces Messieurs. Il propose au Conseil
De renverser cette haute montagne.
Elle prive nos yeux de l'éclat du Soleil :
Elle nous cache une vaste campagne :
Elle nous emprisonne... Un chef-d'œuvre pareil
Nous ouvrira le Temple de Mémoire.
Nos descendants un jour le liront dans l'Histoire ..
Que faut-il après tout ? creuser avec nos dents ,
Miner, saper, ronger les fondements
De cette masse énorme .. Oui la chose est faisable.
J'en réponds, chers amis. Travaillons. Il et tems.
Exécutons ce projet admirable.
Ne perdons pas un seul de nos moments.
Il dit et ses sujets, d'une voix unanime ,
Elèvent jusqu'au Ciel un dessein si sublime.
Nobles et roturiers, femmes, vieillards, enfants,
Tous creusent la montagne et lui percent les flancs.
Mais que vois-je ? Déjà fous un monceau de terre
Que fait tomber sur eux leur effort téméraire,
Mille ouvriers des plus ardents
Sont ensevelis tout vivants.
Découragés, couverts de honte,
Les autres Rats, par une fuite prompte ,
Sans renoncer pourtant à leur premier dessein,
Se mettent à l'abri d'un fi triste destin.

Les Neveux obstinés de cette folle race,
Qui font aujourd'hui parmi nous,
Ace mont élevé portent les mêmes coups ,
Héritiers de la même audace.
Mais c'est en vain. Tous les efforts qu'ils font
Ne peuvent qu'aboutir à la même disgrâce.
La montagne subsiste et les Rats périront.

Livre I, fable 6




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