Le Lionceau en voyage Pierre Bergeron (1787 - 18??)

Du peuple mutiné redoutant la furie,
Un lion fut contraint de quitter sa patrie,
Et, pour éviter le danger,
De chercher un asile en pays étranger.
Il y mourut. Son héritage
D'un sien parent fut le partage.
A quelque temps de là le fils de l'exilé,
Prenant du goût pour les voyages,
Visita de lointains rivages
Où jamais il n'était allé .
Dans certain royaume il débarque.
Les amis du défunt monarque
Près du lionceau se rendant,
Vont lui faire la cour, pour donner une marque
D'affection, de zèle ardent.
C'était pour le moins imprudent ;
Car enfin courait-il le monde
Comme simple amateur ou comme prétendant ?
Que plus instruit que moi réponde.
Cependant on s'en alarma ;
Contre les visiteurs longtemps on déclama ;
Leur conduite parut mériter la censure,
Même on parla de flétrissure.
Un renard moins sévère en ces mots s'exprima :
« Faut-il donc, pour si peu de chose,
Sur un solide appui quand le pouvoir repose,
Se préparer des embarras ?
Et, s'il chancelait sur sa base,
Le raffermirait-on par un mot, une phrase ?
Non certe . Il vaut donc mieux , dans l'un ou l'autre cas,
Opposer à cette imprudence
Le dédain et l'indifférence. »
A la majorité ce conseil ne plut pas.
Mais quelle fut la conséquence ?
Avenir, tu nous l'apprendras.

Fable 52




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