Le Parlement des Oiseaux Pierre Bergeron (1787 - 18??)

Un jour la nation ailée
Se réunit en assemblée.
On devait discuter sur les grands intérêts
De la prospérité commune,
Et les héros de la tribune
A prendre la parole étaient déjà tout prêts.
La question étant fort claire,
On pensait que deux ou trois jours
Suffiraient pour régler l'affaire,
Mais on avait hélas ! compté sans les discours.
Chacun ayant le sien, se faisait une gloire
D'en régaler à son tour l'auditoire.
Avec plaisir, d'abord on entendit
Le brillant rossignol, la gentille fauvette
A l'éloquence un peu coquette,
Et de bon cœur on applaudit.
Le coq avec sa voix sonore,
Des ailes se battant les flancs,
Par ses éclats, par ses élans,
A plaire réussit encore.
Puis l'alouette et le pinson,
Et le serin et la linotte,
Avec plus ou moins de raison,
Vinrent justifier leur vote.
Mais la pie et le perroquet
Se crurent le droit de prétendre
A l'honneur de se faire entendre ;
Alors ce ne fut plus que du bruit, du caquet,
Des redites fastidieuses.
Un merle, auditeur assidu
De ces harangues ennuyeuses,
Disait en les sifflant : Dieu ! que de temps perdu !

Fable 23




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