Les Oiseaux et le Choucas Babrius (Ier - IIème siècle)

Iris, la brillante messagère des dieux, annonça un jour aux oiseaux que dans les célestes demeures on allait disputer le prix de la beauté. Tous aussitôt l'entendirent, et tous souhaitèrent d'obtenir les présents des dieux. D'un rocher inaccessible aux chèvres même coulait une source dont l'eau douce tombait en nappe transparente. Tout le peuple des oiseaux s'y réunit, et chacun vint y laver son bec et ses pattes, secouer ses ailes et peigner ses plumes. Il s'y trouva aussi un choucas, vieux fils de la corneille ; il prit une plume à l'un, une plume à l'autre, et les accommoda à son corsage humide ; seul ainsi il se montra paré, aux dépens de tous les autres, des couleurs les plus variées, et plus fier qu'un aigle, il prit son vol vers l'Olympe. Jupiter, transporté d'admiration, allait lui décerner le prix, si une hirondelle, en vraie fille d'Athènes, ne fût venue confondre l'imposteur, et lui arracher la première plume ! « Ne me calomnie point, » s'écriait le choucas. Mais tous aussitôt d'accourir et de plumer le voleur, et, des premiers, la tourterelle, la grive, la pie, la huppe qui se joue sur les tombeaux, et le vautour qui guette les oiseaux imprudents. Le choucas fut reconnu.

Enfant, pare-toi de tes grâces naturelles ; si tu empruntes une parure étrangère, on t'en dépouillera.

Fable 71




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