L'Ambition et la Modération Pierre Didot (1761 - 1853)

Deux sœurs d’humeur bien différente
Des humains partagent le cœur.
Une seule à son gré peut donner le bonheur ;
Cependant chacune s’en vante.
L’une est d’un gracieux accueil,
Et l’on fuit sa bonté facile :
De l’autre il faut flatter l'orgueil ;
Et chez elle s’empresse et la cour et la ville.
La modération, simple en ses agréments.
Dans sa parure est négligée :
L’autre, riche en ses ornements,
De leur poids semble surchargée ;
On la nomme l’ambition.
Perfide en son intention,
Toujours dans ses vœux indiscrète,
Cette adroite et fine coquette,
Au prix de la santé, du repos, de l’honneur.
Vend l’espérance du bonheur
A l’amant trompé qui l’acheté.
Mais dans cet espoir séducteur,
Ambitieux, le temps s’écoule,
Et l’on n’obtient jamais ses dernières faveurs :
Tandis qu’à ses adorateurs
La modération, au lieu de vains honneurs,
Donne tous les plaisirs en foule.

Fable 10




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