Souvent, j’ai vu dans la prairie
Des moutons librement errer.
Qu’aux bords d’une rive fleurie
L’un aille se désaltérer,
Tous y courent de compagnie.
Si l’un saute, un autre le suit,
Chacun saute à la même place ;
Et d’un seul mouton qui s’enfuit
Tout le troupeau suivra la trace,
Loin du berger qui le conduit.
J’en vois autant parmi les hommes.
Souvent, vrais moutons que nous sommes,
Nous faisons sans réflexion
Ce qu’aux autres nous voyons faire ;
En vain la raison nous éclaire,
Nous l’offusquons pour l’ordinaire
Du bandeau de l’opinion.