Aux jours ou tiédit la froidure
Un sansonnet, au Mont-Blanc égaré,
Emportait dans son bec un grain qui d’aventure
Sous son vol s'était rencontré.
Le grain s'échappe ; il tombe en un flocon de neige ;
Atome accru d'un atome nouveau,
Le léger flocon, où s'agrège
Le grain qu’a laissé choir l'oiseau,
Se détache ; il roule et sans cesse
S‘agglomérant atômes plus nombreux,
Va doublant de volume et doublant de vitesse
Et bientôt, globe monstrueux
De roc en roe bondissant dans Vespace,
Sous l'immensité de sa masse
Tl engloutit le hameau plus Jointain.
Voila la calomnie ! elle est ce faible grain
Tombé sur la neige et la glace.
Puis elle va toujours croissant
Et, croissant toujours, bientôt change
Le grain de mil en avalanche.

Livre VIII, fable 7


Titre original : l'Avalange. Alger, 4 Septembre 1854

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