Sous la coupole d'un vieil arbre
Une Source au cristal d’azur
Dans un vaste bassin de marbre
Versait son flot limpide et pur.
Ces mots : RESSEMBLE A CETTE SOURCE!
Au fronton se trouvaient sculptés
Et prés delle, las de leur course,
Trois passants étaient arrêtés.
Pour éteindre leur soif brillante
Puisant l’onde claire en leur main,
De rencontre aussi bienfaisante
Tous trois bénissaient le destin.
Mais leur soif une fois éteinte,
La sentence frappe leurs yeux
Et le sens dont elle est empreinte
Tour à tour est sondé par eux.
— « Cette Source en son cours devient toujours plus ample.
Dit fun; » Elle reçoit vingt ruisseaux ; n’est-ce pas
Nous dire a tous : Passant ! prends sur mon onde exemple
Sois actif, va toujours et tu prospèreras! »
— « Plus haute est la leçon qu’enferme la sentence,
Dit un vieillard; » cette eau, qui s’offre a tout passant
Sans exiger prix ni reconnaissance,
Nous enseigne l'aumône et surtout nous apprend
Que, lorsque la main s’ouvre, il n’est de récompense
A chercher qu’en soi seulement.
— A moi de trouver le problème !
Dit un enfant aux blonds cheveux ;
Cette onde refilète les cieux ;
D'un cœur pur elle est l'emblème,
Tu veux savoir, mon fils, quel est de ces trois sens
Le plus exact; crois moi, retiens-les tous et prends
La Source en tout pour ton modèle;
Sois actif, fais le bien, demeure pur comme elle.»

Livre IV, fable 6


Jardin d'Essai, 15 Décembre 1853.

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