Il croit près d’Ingadi, sur les bords de l’Asphalte,
Un fruit dont la fraîcheur éveille le désir ;
Par sa course altéré si l’Arabe fait halte
Pour le cueillir,
Ses lèvres l’effleurent à peine
Que le souffle le plus léger
Au loin comme une cendre vaine
Disperse le fruit mensonger.
Du bonheur de l’homme lui-même,
Ce fruit est trop souvent l’emblème ;
Bien fou qui se fie au bonheur !
Le bonheur, comme lui, trompe une soif ardente ;
Rarement sur l’âme brûlante
Il verse un suc réparateur.
L’homme également peut surprendre
Par l’éclat de l’extérieur ;
Malheur à qui se laisse prendre
A cet éclat trompeur !
Il n’est sous l’écorce que cendre.

Livre I, fable 4


Le lac Asphaltite est la Mer Morte

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