La Hyène et la Colère Prosper Wittersheim (1779 - 1838)

Liiez la princesse de Panthère,
Les nobles seigneurs du canton
Tenaient grand cercle au sujet d'une guerre
Qu'ils méditaient contre sire Glouton.
Tout-à-coup apparaît la hyène,
Et tous demeurent étonnés.

« Même intérêt, dit-elle, ici m'amène,
Et de me voir, vous me semblez peinés.
— En effet, répond la princesse,
Le monde abhorre un être vil...
— Le monde ? Eli bien ({ne me reprochc-t-il ?
— La pins insultante bassesse ;
Oui, celle d'outrager les morts L
— Ali ! princesse ; pour ne pas rire
J'ai besoin de tous mes efforts.
Quoi, ces messieurs... devrai-je vous le dire ?
Ils assassinent les vivants.
— C'est un malheur, si le métier des armes,
Le plus noble, coûte des larmes ;
Mais entre eux tous les combattants
Ont le même avantage :
Pour eux comme pour nous,
L'honneur est le prix du courage.
Toi seul n'agis qu'avec courroux,
Toi seul n'es que fiel et que rage ;
En fouillant les tombeaux
Des plus généreux animaux,
Tu satisfais ta seule envie.
Lâche, pendant leur vie,
Tu les évitais avec soin.
Mais le fourbe odieux, si facile à confondre,
Attendra toujours pour répondre
Que l'ennemi qu'il craint soit loin. »

Livre II, fable 17




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