Vainement à chercher le bonheur sur la terre
Un sage d'Orient avait usé ses jours.
Il avait parcouru l'un et l'autre hémisphère,
Interrogeant des rois les fastueuses cours
Et du manant l'humble chaumière.
Partout devant ses pas le bonheur semblait fuir.
Oh ! qu'avec amertume, après tant de souffrance,
Il voit enfin s'évanouir
Son dernier rayon d'espérance !
Un jour qu'en proie à son cuisant chagrin,
Il cherchait des forêts les ombres solitaires,
Voilà qu'environné de chênes séculaires
Un temple merveilleux s'offre à ses yeux soudain.
Pareil au mont, son front que voilent les nuages,
Fier et sublime écueil où se brisent les âges,
Semble du temps surpris avoir lassé la main.
Il s'approche, saisi d'une pieuse crainte,
Du monument gravit lentement les degrés,
Et bientôt ses pas mesurés
Font résonner au loin la vénérable enceinte.
Il remarque une porte où sont tracés ces mots :
« Ici le cœur, exempt de chagrins et d'alarmes,
Goûte au sein du bonheur un éternel repos. »
« Doux prix de mes tourments ! ô moment plein de charmes !
Bonheur ! bonheur ! quoi donc, je te possède enfin !.. »
Ainsi dit le vieillard que le plaisir transporte,
Et, sur ses gonds rouillés, la porte
Cède en grinçant à l'effort de sa main...
Dieux ! au fond d'un caveau son morne regard tombe,
Et là que voit-il ?... Une tombe !