Les deux Ânes et le Taon Remacle Maréchal (1796 - 1871)

A nos friands Liégeois portant mainte douzaine
De ces petits jambons si renommés partout
Pour la tendreté, le bon goût,
Deux ânes revenaient de Paris-en- Ardenne.
Or, les grisons, pour compagnon,
Outre leur conducteur, avaient un vilain taon
Qui guettait, pour darder ses cruelles piqûres,
Chaque instant de répit qu'aux pauvres créatures
Daignait laisser Martin-bâton :
« Voyez ! murmurait-il, quel courage est le nôtre ! …..
Pour les faire avancer d'un pas tant seulement,
Sans trève nous devons trotter de l'un à l'autre !
O supplice ! ouf ! c'est assommant !
Les maudis lourdauds, va !... Que faire cependant ?
Car, sans moi, certe, avant que le soleil se couche,
Ils n'atteindraient pas même à Wicour... »
Notre mouche
Pour moi représente assez bien
Cette dame à l'humeur morose,
Qui dans la maison sur tout glose,
Et va (bien que ne faisant rien)
Sans pitié picotant ceux qui font quelque chose.

Livre IV, fable 11




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