L'Envieux et l'Avare René Alexandre de Culant (1718 - 1799)

Nous naissons tous envieux et bizarres,
Les exemples ne sont pas rares,
Qui prouvent que l'homme inhumain,
Se fait souvent du mal pour nuire à son prochain.
Un envieux de la première classe,
Suivi d'un avare odieux,
Prosterné, conjurait les dieux
De lui départir quelque grâce.
Jupiter du haut des cieux,
Lui dit : je reçois ton offrande,
Parle, quelle est ta demande ?
Je te l'accorde à l'instant,
Avec la clause pourtant,
Que cet avare en obtiendra le double.
L'avare, qui l'entend, y souscrit de bon cœur ;
Mais notre envieux, qui se trouble
Et craint de faire le bonheur
D'Arpagnon, cette âme damnée,
Demande qu'on lui crève un œil.
Malgré les cris de l'avare et son deuil,
La requête est appointée.
L'un borgne et l'autre aveugle, ils retournent chez eux ;
C'est ainsi que ce dieu sut les punir tous deux.

Livre III, fable 4




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