Le Mariage heureux Simon Pagès (17ème siècle)

Partez, dit Jupiter un jour
A l’un des petits dieux qu’on adore à Cythère ;
Prenez votre plus joli frère,
Et que deux tendres cœurs brûlent d’un même amour ;
Avant la fin de la journée,
Je veux les présenter au dieu de l’hyménée.
Les deux amours, arcs, flèches et carquois,
Soudain s’envolent à la fois.
Un myrte étalait sa parure
Dans un jardin délicieux ;
À son côté, planté des mains de la nature,
S’élevait un laurier, de ses fleurs glorieux.
C’est dans le sein de leur feuillage
Que vinrent se nicher les deux petits larrons,
Comme deux chefs d’espionnage,
Avec leur arc et leurs deux yeux fripons.
Une aimable et jeune bergère,
Biche en attraits et plus riche en vertu,
Cherchant une ombre bocagère,
S’assit sous le myrte touffu.
Comme Phébus dardait sa plus vive lumière.
Conduit par le hasard, un valeureux guerrier,
Plein de gloire et couvert d’une noble poussière,
Vint pour se reposer à l’ombre du laurier.
Les voir, lancer leurs traits, s’envoler vers leur mère
Fut, pour les petits dieux, l’affaire d’un instant.
On entendit le bruit de leur aile légère ;
Pour moi, je crois qu’ils riaient en partant.
Les deux cœurs embrasés, Junon en fit l’offrande
De myrte, de laurier composa la guirlande.
Jupiter couronna les deux jeunes amants.
Hymen serra leurs nœuds, leur donna des enfants,
Chez qui l’on vit briller les vertus de leur mère,
Et l’héroïsme de leur père.

De nos dieux méritons les soins et les présents.

Livre III, Fable 21




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