Fantaisie préhistorique Stop (1825 - 1899)

Quel spectacle étrange et terrible
Notre globe devait offrir
Quand, les eaux de la mer venant à découvrir
Les vastes horizons de la terre accessible,
Un troupeau d'êtres monstrueux
Apparut ! Pour peupler ces grandes solitudes,
Le Créateur fit naître un flot tumultueux
D'étranges animaux, géants aux formes rudes,
Du chaos en travail essais prodigieux.
Redirai-je les noms barbares
Dont la science d'aujourd'hui.
Fouillant le temps qui s'est enfui,
A baptisé ces familles bizarres ?
Nous avons tous eu sous les yeux
Leurs types apocalyptiques :
Ichthyosaures fantastiques,
Mastodontes hyperboliques
Ou Ptérodactyles hideux.
Nous avons pu toucher du doigt la tête informe
D'un Dinothérium un beau jour exhumé,
Et dans un bloc de glace un Mammouth enfermé
Apporta jusqu'à nous sa silhouette énorme.
Représentez-vous leurs conflits,
Leurs amours, et leurs épousailles,
Et les monceaux de victuailles
Exigés par leurs appétits !
Le sol tremblait à leur passage,
Leur vol obscurcissait les airs ;
Ils soulevaient les flots amers
Comme l'eût fait un vent d'orage,
Et leurs ébats troublaient les vastes mers.
Tout à coup apparut un être
Sans grifses et sans crocs, faible, petit et nu ;
C'était l'homme : aussitôt devant cet inconnu
Le troupeau s'écarta comme devant un maître.
Qu'avait-il donc pour exercer soudain
Cette puissance surprenante ?
Il avait la parole, une âme consciente,
Et dans l'œil un rayon divin.

Fable 30




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