La Saint-Valentin Théodore Lorin (19è siècle)

De saint Valentin l'heureux jour
Ramenait dans nos bois la tendresse et la vie :
Près de sa compagne chérie,
Chaque oiseau gazouillait de doux refrains d'amour.
Le milan, le faucon, l'autour,
Oubliant un instant leur humeur sanguinaire,
Aux faibles oiselets ne faisaient plus la guerre.
Seul dans le peuple ailé, le farouche hibou,
Bien loin de partager la commune allégresse,
Demeurait au fond de son trou
En proie à la sombre tristesse.
Tous les oiseaux, blâmant du morose grigou
L'impertinent silence et la morne grimace,
Lui prodiguaient l'insulte et la menace.
« Quel aveugle courroux vient donc vous animer
Contre ce malheureux ? dit une tourterelle ;
Eh ! mes amis, au lieu de lui chercher querelle,
Plaignons-le de ne pas aimer. »

Livre X, Fable 18




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