L'Épée et le Clairon Théodore Lorin (19è siècle)

« A quoi, mon cher, es-tu bon ?
Disait l'épée au clairon.
Grâces à moi, les mains fermes et sûres
De nos intrépides guerriers,
Couvrant leurs ennemis de mortelles blessures,
Moissonnent de nombreux lauriers.
C'est de mon seul secours qu'ils tiennent la victoire :
Ils ne doivent qu'à moi leur salut et leur gloire. »
« Mais, reprit le clairon, alors que dans les rangs
Tu fais voler le meurtre et le carnage,
Ne sais-je pas aussi par mes sons éclatants
De nos soldats enflammer le courage ? »

Sans doute, nous devons un légitime hommage
À la valeur, aux hauts faits, aux talents :
Gloire aux héros ! Mais le poète habile
Qui, par ses sublimes accents,
Excite dans les cœurs de nobles sentiments,
Est-il donc un être inutile ?

Livre X, Fable 19




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