Le Jeune Charretier et son Père Théodore Lorin (19è siècle)

Un jeune paysan, pour la première fois,
Menait un chariot ou de foin ou de bois.
« Crois-en ma longue expérience,
Lui dit son père, il faut marcher avec prudence
Et ménager le train de tes chevaux,
Si tu veux t'épargner de dangereux cahots.
Au demeurant, la chose est bien aisée :
Suis toujours la route tracée. »
Telle fut aussi la leçon
Que donna jadis, nous dit-on,
A son orgueilleux fils le dieu de la lumière.
Le présomptueux charreton
Par malheur ne se montra guère
Plus docile que Phaéton.
« Bah ! dit-il à part lui, si l'on croit la vieillesse,
Elle seule en partage a reçu la sagesse.
Mon père veut-il donc que timide et peureux,
Je me traîne toujours dans ce sentier bourbeux,
Quand près de là je vois dans la prairie
Une route douce et fleurie ? »
Ainsi notre étourneau pensa,
Et, méprisant les conseils de son père,
Pour sortir au plus tôt de l'ennuyeuse ornière,
Il fouetta ses chevaux, au grand trot les lança.
Qu'arriva-t-il ? La charrette versa.

Livre V, Fable 16




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