Certain espiègle de quinze ans,
Ecolier, c'est tout dire, échappé de sa classe,
Voyant qu'une couche de glace
S'étendait sur les eaux dès les premiers autans,
Habile patineur, voulut, avant le temps,
En effleurer la trompeuse surface.
Rapides et légers, ses pieds ne sentaient pas,
Sur ses tranchants d'acier recourbés en carène,
La croûte faible encor fléchissant sous ses pas.
Tel qu'un gladiateur, mesurant son arène,
Athlète vigoureux qui s'apprête à lutter,
Tout son bonheur serait de disputer
D'agilité, de souplesse et d'audace.
Mélange intéressant de jeunesse et de grâce,
Plus prompt dans son essor, plus léger que l'oiseau
Qui rase, en se jouant, la surface de l'eau,
On le voyait, au loin, libre dans sa pensée,
Sous les plis onduleux de sa taille élancée,
Sans souci du péril qui menace ses jours,
Capricieusement sur la nappe glacée
Dessiner mille traits, former mille contours.
Seul, à l'écart, il exposait sa vie,
Sans songer au chagrin que sa funeste envie
Au cœur de sa mère eût coûté,
Si sa mère se lui douté