Par une de ces nuits que l'été fait si belles,
Où les saphirs du ciel, plus vifs et plus brillants,
Comme des feux étincelants,
Scintillent, suspendus aux voûtes éternelles ;
Où la calme nature est douce à l'œil charmé,
Où la terre semble être un Eden embaumé,
Où tout est harmonie et silence et mystère,
Sur le gazon fleuri d'un bosquet solitaire,
Un Ver luisant, sous l'abri d'un buisson,
Au milieu des parfums qu'exhalait le feuillage,
De la douce clarté qui brille à son corsage
Illuminait son modeste horizon.
Un Crapaud l'aperçoit, et l'animal immonde,
Envieux d'un éclat dont son oeil est blessé,
Sur l'insecte surpris, d'un seul bond élancé,
De sa bave fangeuse et le couvre et l'inonde.
— « Quel malheur c'est pour toi, lui dit le Ver luisant,
D'avoir un lâche instinct, d'être né malfaisant !
De ta noire action peux-tu dire la cause ?
J'étais là sans bouger, posé sur ce fétu ;
Tu passais près de moi ; t'ai-je fait quelque chose ?
— Non, tu ne m'as rien fait ; mais pourquoi brilles-tu ? »