Le songe de Fidèle Adine Joliveau (1756 - 1830)

Sua un chien de berger, active sentinelle,
Le sommeil s'efforçait de verse ses pavots,
Ne dormant que d'un œil, notre bon chien Fidèle
Mettait encore à profit son repos,
Il rêvait le bonheur, fruit d'une vie bien née
Méritant douce destinée :
Mon sort n'a point, dit-il, un éclat passager ;
Protecteur des troupeaux, on m'obéit, on m'aime,
Mon maître me chérit, mon amante de même ;
Ah ! quel bonheur d'être chien de berger !
- Chien de berger vraiment doit exciter l'envie ;
Non, non, ton sort n'a point un fugitif éclat,
Répétait un Carlin. Sot! il faut que j'en rie.
Chien de berger est un brillant état !
Je tais avec les loups tes éternelles guerres,
Des chèvres, des moutons, races sottes, légères,
Le caprice et l'humeur ; j'en puis citer maint trait ;
Mais vanter l'amitié d'un maître, d'une belle
Quand l'amour agit moins sur eux que l'intérêt ;
Apprend... - Non, faux on vrai, je déteste ton zèIe
Va, laisse-moi rêver ; je crois à. l'amitié.
Ma chaine serait lourde au lien d'être légère,
Je serais à mes yeux un objet de pitié,
Sans ce doux sentiment que tu nommes chimère.

Livre I, Fable 16




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