Un homme avait perdu sa femme ;
Il veut avoir un perroquet.
Se console qui peut. Plein de la bonne dame,
Il veut du moins chez lui remplacer son caquet.
Il court chez l’oiselier. Le marchand de ramages,
Bien assorti de chants et de plumages,
Lui fait voir rossignols, sereins, et sansonnets.
Surtout nombre de perroquets.
Le moindre d’entre eux est habile,
Crie, à la cave, et dit son mot ;
L’un fait tous les cris de la ville ;
L’autre veut déjeuner, qu’on fouette Margot.
Tandis que notre homme marchande,
Hésite sur le choix et tout bas se demande,
Lequel vaudra le mieux ? Il en aperçoit un
Qui rêvait seul, tapi sous une table :
Et toi, dit-il, monsieur l’insociable,
Tu ne dis mot ; crains-tu d’être importun ?
Je n’en pense pas moins, répond en sage bête
Le perroquet. Peste, la bonne tête !
Dit l’acheteur. ça ; qu’en voulez vous ? Tant.
Le voilà. Je suis trop content.
Il croit que son oiseau va lui dire merveille ;
Mais tout un mois, malgré ses leçons et ses soins,
L’oiseau ne lui frappe l’oreille
Que du son ennuyeux, je n’en pense pas moins.
Que maudite soit la pécore,
Dit le maître ; tu n’es qu’un sot ;
Et moi cent fois plus sot encore,
De t’avoir jugé sur un mot.

Livre I, fable 3






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