Pour attraper les papillons,
Clairette,
Jeune fillette,
D'un filet délicat forme, un jour, les maillons.
Mais voyez la malice !
Pour éblouir les petits voltigeurs,
Elle orne son filet de diverses couleurs,
Afin de mieux séduire et cacher l'artifice.
Là voilà donc à travers champs ;
Où les soupirs de Flore
Font éclore,
Mille boutons naissants,
Qui, sous l'aile amoureuse
Des petits moissonneurs que nous nommons essaim,
Innocemment ouvrent leur sein,
Et s'effeuillent, hélas ! sur leur tige mousseuse.
Des papillons c'était là le séjour,
Libres de voltiger de calice, en calice,
De la rose à l'oeillet, de l'oeillet au narcisse,
S'enivrant de parfums, de bonheur et d'amour.
La nouveauté rend infidèle ;
Aux attraits du nouveau le cœur bat de plaisir ;
Fût-ce même un filet, qui le sait embellir,
N'a plus à s'occuper qu'à tirer la ficelle.
Croyant dans celui-ci trouver le paradis,
Tout le peuple volage,
Du sein des fleurs aussitôt déménage,
Et bientôt tout fut pris.
Pour éclairer les hommes,
J'allais en dire long sur mes sots prisonniers.
C'eût été temps perdu ; car, tous tant que nous sommes,
On nous prend tous les jours à pièges plus grossiers.

Livre II, fable 7




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