Un enfant s’amusait au bord d’une rivière,
Tantôt courant après un papillon,
Tantôt cueillant sur le gazon
La pâquerette printanière ;
Quand, tout-à-coup, à son regard,
S’offre un superbe nénuphar,
Dont le vent balançait la corolle dorée.
La fleur tente notre marmot,
Qui veut la cueillir aussitôt.
Mais d’herbes hautes entourée,
Placée à plusieurs pieds du bord,
La plante se trouvait d’un difficile abord ;
Puis la rivière était profonde.
Que fait notre imprudent ? Le corps penché sur l’onde,
D’une main il s’accroche à quelque faible jonc,
Sans songer au péril de sa folle entreprise :
Risquant ainsi vingt fois de faire le plongeon,
Vers l’objet de sa convoitise
Il étend l’autre main, parvient à le saisir,
L’agite fièrement au-dessus de sa tête,
Et, l’œil rayonnant de plaisir,
Vite à sa mère il court présenter sa conquête.
Mais dans son inconstante humeur,
Soit dégoût, soit étourderie,
L’enfant, bientôt après, délaissait cette fleur,
Pour laquelle il venait de hasarder sa vie.
Frivole dans ses goûts, versatile et léger,
L’homme, pour un caprice, affronte le danger.
Recueille-t-il le fruit de sa persévérance,
On le voit, effleurant la coupe des plaisirs,
Répudier bientôt, avec indifférence,
Ce qui faisait l’objet de ses ardents désirs.