Le Cheval et le Loup Charles Beaulieu (19ème)

Après un rude hiver, ayant longtemps rôdé,
Un loup assez loin de son gîte,
Pour s'être trop repu, surtout un peu trop vite,
Se trouva fort inconìmodé :
Ne pouvant se traîner qu'avec peine, que faire
En cet état, pour se tirer d'affaire ?
Il ne le savait trop, quand il vit par hasard,
A l'écart
Un cheval qui paissait dans un pré : son mal-être,
L'empêcha de le reconnaître.
Le cheval, au contraire, et pour bonne raison,
Avait de prime abord reconnu le glouton,
Ami, lui dit le loup, daigne je t'en supplie,
Me porter jusqu'au bois voisin de la prairie ;
Mais, mon cheval, bien loin d'aller à son secours,
Lui tint à peu près ce discours :
Ne te souvient-il plus que pour t'apprendre à faire
L'apothicaire.
Je te donnai gratis une bonne leçon,
De ma façon ?
Aujourd'hui même encor pour venir à ton aide,
Sache que je connais un excellent remède,
Que si tu veux j'essaierai :
Et de ton mal te guérirai.-
Mais sans dire merci, maître loup l'en tint quitte,
Et la frayeur aidant il décampe au plus vite.

Lorsque l'on est puni par où l'on a péché,
C'est ainsi qu'on est plaint du mal qu'on a cherché.

Livre V, fable 8




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