Prenant un ton cafard, le loup dit au cheval :
Je le vois à regret, mon ami, tu vis mal.
De l'avaine et du foin ! si ! quelle nourriture !
Tu peux te procurer bien meilleure pâture :
Aux bergers, comme moi, dérobe des agneaux,
Flatte ton appétit par ces friands morceaux.
Pourquoi tant de scrupule ? Allons, mets en usage
Ton adresse, ta force, et surtout ton courage.
Ah ! que j'aime bien mieux vivre frugalement,
Repartit le cheval, choqué par ce langage,
Que d'exposer mes jours au juste châtiment
Dont sera tôt ou tard puni ton brigandage !
va porter ailleurs tes conseils dangereux :
Je suis sobre, il est vrai, mais je vis très-heureux ;
Et toujours des fripons la crainte est le partage.