On conte qu’un matin d’une froide journée,
Après une vaine tournée,
Un renard pressé par la faim :
La faim est comme on sait une terrible chose !
Et peut-être aussi par l’ennui,
Dans un piège tomba sans doute malgré lui,
Car à peine du jour l’aube était-elle éclose ;
Un appât dans un lacs en forme de réseau,
Et qu’il touchait déjà du bout de son museau,
Pouvait bien encor… mais la chose n’est pas sûre, —
Etre pour quelque peu dans sa mésaventure,
Quoi qu’il en soit il était pris.
Que l’on juge de la grimace
Qu’il pouvait faire, et de ses cris !
Un corbeau qui le voit, en paraît fort surpris,
Il le connaît ! Ô dieux ! dit-il, je vous rends grâce,
Mon mangeur de fromage… Ami, de ta leçon
Je me souviens encore, et veux à ma façon,
Te le prouver : Avant, permets donc que je goûte
Ces restes d’un vieux coq qu’on a mis là.
Sans doute, ils doivent t’offusquer, puisque de ton chagrin
Ils sont cause ; et leur vue augmente ta misère.
Cela fait, le corbeau sur un arbre voisin,
Va détacher le lacs qui tient le pauvre hère,
Suspendu, par le corps, à quelques pieds de terre.
En liberté remis, le malheureux routier,
S’enfuit en maugréant au fond de son terrier ;
Honteux, mais convaincu que ce tour salutaire,
Était fort préférable à celui d’un escroc.
La leçon valait bien les restes d’un vieux coq.
Comme pour La Cigale et la Fourmi, l'auteur prolonge l'histoire en changeant la personnalité des protagonistes et de fait, la morale. À l'inverse de la fable précédente, pas de vengeance ici ; le corbeau se retrouve être le chic type de l'histoire. Pourquoi pas.... Ca ne mange pas de pain mais ça ne va pas chercher bien loin, il faut être honnête...