Le bon est toujours assez beau.

Du plus aimable Jouvenceau
Les Grâces étaient le partage
Il ignorait encor ce brillant avantage.
Four compagne ordinaire il avait une sœur
De son âge à peu près, mais laide à faire peur ;
Nature en les formant semblait s'être trompée,
Elle avait du Garçon fait une Déjopée.
Tous deux en se jouant trouvèrent un miroir ;
Le nouvel Adonis prend plaisir à se voir.
Regardez, ma sœur, je vous prie,
Les belles dents, les beaux yeux que voilà !
L'éloge ne prit point ; sur ce chapitre-là
Fillette, comme on sait, n'entend pas raillerie.
Celle-ci s'alla plaindre à fauteur de ses jours,
Et pour le mieux toucher, aux pleurs elle a recours,
En sanglotant elle accuse son frère
D'avair osé d'un miroir se saisir
À la Toilette de leur mère.
Un Garçon, quel forfait ! Mais loin de l'en punit,
Le père avec bonté termine leur querelle
Mes enfants. consultez cette glace fidèle,
Profitez des leçons qu'elle peut vous offrir :
Apprenez-y, mon fils, à surpasser encore
La beauté qui vous décore
En ornant v0tre esprit, en formant votre cœur.
Vous, ma fille, cherchez d'autres moyens de plaire,
Et qu'un aimable caractère
Fasse oublier votre laideur.

Livre II, fable 9




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