Deux Voyageurs allaient de compagnie
L'un prônait ses exploits et nouvel Attila
II avait traité celui-ci, celui-là ;
C'était un jeu pour lui que d'exposer sa vie.
Corbleu, s'écriait-il, vive le point d'honneur !
Le Duel est charmant et j'en suis idolâtre,
Au Pistolet, c'est ma fureur !
Que n'ai-je à cet instant pour comble de bonheur
Un monde d'ennemis ! Vous me verriez combattre.
Comme il disait ces mots fond sur eux un voleur,
Aussitôt fuit le beau parleur.
L'autre plus simple en son langage
N'avait rien dit de son courage,
Et sut le montrer au besoin.
Le fuyard regardant de loin
Aperçoit le Larron étendu sur la place,
Cet aspect lui tend son audace,
Et d'un air triomphant il revient sur ses pas,
Il tire son coutelas,
Fait fracas.
Où sont-ils ? Me voici ! laissez laissez-moi faire,
Nous attaquer, le téméraire !
Je lui ferai sentir ce que pèse mon bras.
Eh mon ami, reprit le Camarade ;
Epargnez-vous cette vaine bravade,
Il n'est plus temps, Monsieur le fanfaron,
Le danger démasque un poltron.

Tel dit avoir le cœur d'Achilles
Qui n'en a que les pieds agiles.

Livre I, fable 14




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