Le Ver-luisant Édouard Granger (19ème siècle)

Un soir, je prends un ver luisant,
Et je l'emporte en me disant:
« Enfin, je pourrai voir au jour ce phénomène
Qui projette la nuit, dans l'herbe de la plaine,
Ce fou qui brille ainsi qu'une étoile des cieux. »
Le lendemain, à l'heure où se colore
La cime de nos monts sous les pas de l'Aurore,
Je jette sur l'insecte un regard curieux :
Quo vois-je ? Un pauvre ver terne et disgracieux.

Coquettes en renom qui brillez dans nos fêtes,
Lorsqu'aux lis de vos traits vient se prendre l'amour,
Croyez-moi, voulez-vous conserver vos conquêtes ?
Ne vous montrez pas au grand jour.

Livre I, fable 16




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