Un Ver-luisant, le soir, brillait sous la charmille;
Près de lui certaine Chenille
Perdait tout son éclat pendant l'obscurité
Et se mourant de jalousie,
Prêchait à son voisin moins de coquetterie,
Le goût de la simplicité;
Comme les prudes, les coquettes,
Quand leur temps est passé, sermonnent les miettes.
« A quoi bon tous ces vains atours
Et cette brillante parure ?
Ce n'est qu'orgueil, vanité pure;
Tout cela vous expose à de malins discours,
Et même à des dangers; j'en frémis je vous jure.
Voyez-vous cet Oiseau ? Vers vous, la chose est sûre,
C'est votre éclat qui le conduit
C'en est fait de vos jours » - « Jalouse créature,
Lui dit l'Oiseau, tais-toi s'il luit sur la verdure
Ce n'est pas par orgueil, c'est pour que dans la nuit
Je puisse en faire ma pâture,
Car tout pour les Oiseaux est fait dans la nature.
Mais le Ver repartit « Le doux besoin d'aimer
Inspire le désir de plaire
Vous ignorez mon doux mystère,
Moi, j'indique, en brillant, ma couche solitaire
A l'amant qui doit la charmer;
Ainsi, ma modeste lumière
Est le signal heureux, le fanal de l'amour.
Je sais trop combien je m'expose;
Mais je préfère aimer, et.ne vivre qu'un jour.
Apprenez ma métamorphose;
Toujours même sort me conduit
Je suis Héro, toujours aimante et tendre,
Allumant, lorsque vient la nuit,
Le feu qui doit guider Léandre. »